Dagoma est un fabricant français d’imprimantes 3D, basé à Roubaix. Ancrée dans une logique territoriale, cette entreprise a pour mot d’ordre d’être au plus proche de ses consommateurs, en mêlant innovation technologique et pédagogie.
Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?
D’un point de vue humain, la crise sanitaire a été très compliquée, car nous étions beaucoup alimentés par l’actualité anxiogène. Mais d’un point de vue industriel, cela a été un formidable vecteur d’innovation. Le fait que nous ne soyons pas plus d’une dizaine d’entreprises en Europe à être dotées de cette expertise technologique – c’est-à-dire imprimer n’importe quelle pièce en 3D sans avoir de moule ni de préparation particulière – a été particulièrement utile dans ce contexte. Dès le début du mois d’avril, nous avons mis au point des systèmes de protection faciale, que nous avons commencé à diffuser à nos contacts. Cela s’est déclenché très rapidement, car il y avait un réel besoin, en particulier dans les secteurs agroalimentaires et médicaux. En moins de deux mois, nous avons produit près de 250 000 visières !
Quelles innovations ou transformations avez-vous mises en place (managérial, produit, télétravail, digitalisation) ?
Au vu de la demande, nous avons rapidement dû trouver un moyen d’augmenter notre capacité de production, en trouvant divers axes d’amélioration (impression, structure, élasticité, matière…). En l’espace de 15 jours, nous avons réussi à produire plusieurs milliers de modèles au quotidien, contre 100 à l’origine.
En termes d’organisation professionnelle, il y a eu peu de changement : nous étions déjà habitués au télétravail, car la digitalisation fait partie intégrante de notre univers. Nos collaborateurs étant « éparpillés » un peu partout en France, nous utilisions déjà régulièrement les outils digitaux.
La véritable révolution s’est plutôt opérée d’un point de vue métier. Nos équipes ont ainsi conseillé et accompagné entre 20 et 30 000 personnes qui désiraient imprimer des visières et autres accessoires afin d’aider leur entourage. Dagoma leur a donné les moyens matériels pour imprimer ces équipements, tout cela dans un contexte de pénurie mondiale ! Nous avons réalisé que nous étions capables de nous serrer les coudes dans l’adversité, et c’était très réconfortant.
Transmission, talents, territoires, transition écologique ou transformation : y a-t-il un sujet que vous portez particulièrement ?
La transmission est au cœur de notre métier, car nous sommes dans une logique constante de formation et d’accompagnement. La notion de territoire local est également très importante pour nous. Nous aimerions, à terme, ouvrir des antennes à Lyon, Bordeaux, Toulouse, Paris… Cela nous permettrait d’avoir une plus grande richesse de réflexion, surtout dans notre métier où il faut innover très vite, mais aussi de pouvoir produire au plus près de nos consommateurs. Nous pourrions alors leur montrer à quel point les nouvelles technologies sont accessibles à tous – notamment à travers des formations pédagogiques – tout en ramenant de l’emploi au niveau local.
Quelle est votre vision pour l’avenir ?
L’un de nos souhaits majeurs serait que tout le monde puisse avoir accès à nos technologies. Notre objectif ? Pouvoir atteindre un délai de production défiant les géants de l’industrie, tout en produisant en local, avec des matériaux recyclés et un minimum de déchets. En somme, avoir un circuit court et vertueux.
Quel(s) conseil(s) aimeriez-vous partager ?
Comme le dit le proverbe : « Il est compliqué de réfléchir, alors les gens se contentent de juger ». Restons humbles devant cette situation sans précédent et prenons le temps d’écouter les avis de tout le monde.
